Dans un environnement concurrentiel, les entreprises doivent constamment prendre des décisions stratégiques pour assurer leur croissance.
Ces décisions passent souvent par des investissements dans de nouveaux projets, des acquisitions, ou des infrastructures. Mais comment savoir si un projet mérite d’être financé ? La réponse réside dans le calcul de la rentabilité d’un investissement.
Cet article vous guide à travers les outils essentiels, comme les flux de trésorerie (Free Cash Flows), la Valeur Actuelle Nette (VAN) et le Taux de Rendement Interne (TRI), tout en explorant l’impact de la dette sur ces choix.
- Les flux de trésorerie (Free Cash Flows) : la base de tout calcul de la rentabilité d’un investissement
- La Valeur Actuelle Nette (VAN) : pour comparer la rentabilité d’un investissement
- Le Taux de Rendement Interne (TRI) : mesurer la performance relative
- Le rôle de la dette dans les investissements
- Étude de cas de rentabilité d’un investissement : comparaison de projets
- Mesure de rentabilité d’un investissement dans le cas d’un portefeuille d’actifs cotés
- Conclusion sur le calcul de la rentabilité d’un investissement
Les flux de trésorerie (Free Cash Flows) : la base de tout calcul de la rentabilité d’un investissement
Les flux de trésorerie disponibles (Free Cash Flows ou FCF) sont essentiels pour évaluer la rentabilité d’un investissement. Ils représentent l’argent généré par une entreprise après avoir couvert toutes ses dépenses opérationnelles et d’investissement.
Pourquoi les FCF sont cruciaux pour le calcul de la rentabilité d’un investissement
Avant de calculer la rentabilité d’un projet, il faut déterminer combien de trésorerie il générera. Par exemple, si une entreprise investit dans une nouvelle machine capable d’augmenter la production, les revenus supplémentaires générés par cet équipement, après avoir déduit les coûts associés, représentent les FCF.
FCF to Firm vs. FCF to Equity
- FCF to Firm : utilisé pour évaluer la rentabilité globale, incluant la dette. Sa formule est la suivante :
FCFF = EBIT * (1 – %Tax) + D&A – Evolution du BFR – Investissements
- FCF to Equity : utilisé pour estimer les rendements pour les actionnaires uniquement.
FCFE = FCFF – Intérêts + Levés de capitaux – Réduction de capital + Endettement – Remboursement dettes
Nous vous avons préparé un article spécifique à ces deux notions que vous pouvez retrouver ici : notre article sur le free cash flow.
Exemple pratique de calcul de FCF
Voici un exemple pratique pour illustrer les formules du FCF to Firm (FCFF) et du FCF to Equity (FCFE) :
Imaginons une entreprise fictive, The Big Win Corp, qui a les données financières suivantes :
- EBIT (Résultat opérationnel) : 500 000 €
- Taux d’imposition (%Tax) : 25 %
- D&A (Dotations aux amortissements et provisions) : 100 000 €
- Évolution du BFR (besoin en fonds de roulement) : +50 000 € (augmentation des créances et stocks)
- Investissements (CAPEX) : 200 000 €
- Intérêts sur la dette : 30 000 €
- Levées de capitaux (augmentation de capital) : 50 000 €
- Réduction de capital : 20 000 €
- Nouvel endettement (emprunts) : 100 000 €
- Remboursement de dettes : 80 000 €
Étape 1 : Calcul du FCFF (Free Cash Flow to Firm)
La formule du FCFF est la suivante en appliquant les données de The Big Win Corp :
FCFF = 500 000 x (1 – 25%) + 100 000 – 50 000 – 200 000
FCFF = 225 000 €
Le FCFF est de 225 000 €, ce qui représente la trésorerie disponible pour rembourser la dette et rémunérer les actionnaires.
Étape 2 : Calcul du FCFE (Free Cash Flow to Equity)
La formule du FCFE est la suivante en appliquant les données de The Big Win Corp :
FCFE = 225 000 – 30 000 + 50 000 – 20 000 + 100 000 -80 000
FCFE = 245 000 €
Le FCFE est de 245 000 €, ce qui représente la trésorerie disponible pour les actionnaires après remboursement de la dette et financement des opérations.
Interprétation des résultats pour le calcul de la rentabilité d’un investissement
- Le FCFF indique que The Big Win Corp a généré 225 000 € de trésorerie disponible pour rembourser les créanciers et rémunérer les actionnaires.
- Le FCFE, quant à lui, montre que 245 000 € sont spécifiquement disponibles pour les actionnaires après la gestion de la structure de la dette.
Cet exemple met en lumière l’importance de distinguer ces deux métriques dans l’évaluation de la rentabilité d’une entreprise selon que l’on adopte une perspective globale ou une perspective actionnariale.
La Valeur Actuelle Nette (VAN) : pour comparer la rentabilité d’un investissement
La VAN est l’un des outils les plus utilisés pour évaluer la rentabilité d’un investissement. Elle mesure la valeur créée par un investissement en actualisant les flux de trésorerie futurs à un taux qui reflète le coût du capital ou le risque du projet.
Nous vous avons rédigé un article complet sur la VAN accessible ici.
Principe de la VAN dans la rentabilité d’un investissement
La VAN, primordiale pour le calcul de la rentabilité d’un investissement, est calculée comme suit :
Une VAN positive indique que le projet crée de la valeur, tandis qu’une VAN négative signifie qu’il détruit de la valeur.
Exemple de calcul de VAN
Une entreprise évalue deux projets :
- Projet A : Investissement initial = 1 M€, FCF annuel = 200 000 €, Taux d’actualisation = 8 %.
- Projet B : Investissement initial = 800 000 €, FCF annuel = 150 000 €, Taux d’actualisation = 6 %.
Après calculs, la VAN du Projet A est de 150 000 €, tandis que celle du Projet B est de 180 000 €. Bien que plus coûteux, le Projet B est plus rentable à long terme.
Le Taux de Rendement Interne (TRI) : mesurer la performance relative
Le TRI est le taux d’actualisation qui rend la VAN d’un projet égale à 0. Contrairement à la VAN, il s’exprime en pourcentage et permet de comparer directement des projets de tailles différentes.
Comparaison avec le Taux de Rendement Exigé (TRE)
Un projet est acceptable si : TRI > TRE.
Par exemple, un projet avec un TRI de 15 % est rentable si le TRE (coût du capital) est de 10 %. En revanche, un TRI de 8 % pour un TRE de 10 % rend le projet non viable.
Exemple pratique
Un projet génère les flux suivants :
- Année 1 : 50 000 €, Année 2 : 70 000 €, Année 3 : 100 000 €.
Avec un investissement initial de 180 000 €, le TRI calculé est de 12 %, supérieur au TRE de 10 %. L’investissement est donc rentable.
Le rôle de la dette dans les investissements
Effet de levier : booster la rentabilité des fonds propres
En finançant un projet partiellement par emprunt, une entreprise peut augmenter la rentabilité pour ses actionnaires (effet de levier).
Exemple :
- Projet financé à 50 % par une dette à 5 %.
- Rendement global du projet : 12 %.
- Rendement sur fonds propres = (12 % – 5 %) / 50 % = 14 %.
Les risques liés à la dette
Cependant, si le projet est moins rentable que prévu, l’effet de levier peut se retourner contre l’entreprise.
Exemple : si le TRI d’un projet est de 4 % et le taux d’intérêt de la dette est de 5 %, l’investissement devient destructeur de valeur.
Étude de cas de rentabilité d’un investissement : comparaison de projets
Une entreprise de grande distribution envisage deux options :
Projet 1 : Ouverture d’un nouveau magasin.
- Investissement initial : 500 000 €.
- FCF annuels : 100 000 €.
- Taux d’actualisation : 10 %.
Projet 2 : Lancement d’un nouveau logiciel interne.
- Investissement initial : 400 000 €.
- FCF annuels : 80 000 €.
- Taux d’actualisation : 8 %.
Après analyse, la VAN du Projet 1 est de 250 000 €, et celle du Projet 2 est de 260 000 €. Bien que le Projet 1 ait des flux plus élevés, le Projet 2 est légèrement plus rentable en raison de son coût initial plus bas.
Mesure de rentabilité d’un investissement dans le cas d’un portefeuille d’actifs cotés
Pour évaluer efficacement la rentabilité non pas d’un investissement mais plutôt d’un portefeuille d’investissements d’actifs cotés comme des actions en bourse il faut plutôt utiliser d’autres formules qui vont prendre en compte la performance du portefeuille dans son ensemble et les risques du marché.
Voici quelques-unes de ces mesures :
Ratio rendement-risque
Le ratio rendement-risque, ou Sharpe ratio simplifié, compare le rendement attendu d’un investissement avec l’incertitude associée à ce rendement. Ce ratio est particulièrement utile pour déterminer si un projet ou un actif offre une récompense suffisante pour compenser le risque pris.
Formule :
Application en entreprise :
Prenons l’exemple d’une entreprise qui souhaite lancer un nouveau produit. Le projet A offre un rendement attendu de 12 %, tandis que le projet B promet 10 %. Cependant, le risque associé au projet A est deux fois plus élevé (écart-type). En calculant le ratio rendement-risque, l’entreprise peut constater que le projet B est plus attractif malgré un rendement brut inférieur, car il offre une meilleure récompense ajustée au risque.
Indice de Sharpe (sharpe ratio)
L’indice de Sharpe approfondit l’analyse de la rentabilité d’un investissement en comparant le rendement excédentaire d’un investissement par rapport au taux sans risque, ajusté pour sa volatilité.
Formule :
Exemple concret :
Imaginons une entreprise disposant de deux options d’investissement :
- Un fonds obligataire offrant un rendement de 6 % avec une volatilité de 2 %.
- Un portefeuille actions offrant un rendement de 15 % avec une volatilité de 10 %.
Si le taux sans risque est de 3 %, l’indice de Sharpe montre que le fonds obligataire est plus efficace sur le plan ajusté au risque, car il offre une meilleure stabilité malgré un rendement brut inférieur.
Mesure de Jensen (alpha)
L’alpha de Jensen, ou simplement l’alpha, est une mesure d’évaluation de la performance ajustée au risque par rapport à un indice de référence. Un alpha positif indique que l’investissement a surpassé les attentes, compte tenu du risque encouru.
Formule :
Exemple en finance d’entreprise :
Une entreprise envisage un investissement dans un secteur technologique. Si le rendement prévu de cet investissement est de 18 % alors que le rendement moyen du marché est de 15 %, et que la sensibilité au risque (β) est de 1,2, un calcul de l’alpha révèle si cet investissement surperforme après ajustement pour son risque. Si l’alpha est positif, l’entreprise a tout intérêt à poursuivre cet investissement.
Synthèse des outils dans l’évaluation des possibilités d’investissements
Ces outils, bien qu’issus du monde financier, s’appliquent directement aux choix stratégiques en entreprise.
Ils permettent aux responsables financiers d’évaluer des investissements en tenant compte non seulement du rendement brut mais aussi du risque, de la volatilité et de la comparaison avec les benchmarks du marché.
Intégrer ces techniques dans vos analyses renforcera la pertinence et la robustesse des décisions d’allocation de capital.
Conclusion sur le calcul de la rentabilité d’un investissement
La rentabilité des investissements est un pilier central dans la gestion financière d’une entreprise. En maîtrisant des outils tels que le free cash flow (FCF), la valeur actuelle nette (VAN) et le taux de rendement interne (TRI), les décideurs financiers peuvent prendre des décisions éclairées pour maximiser la valeur créée. La distinction entre FCF to Firm et FCF to Equity est essentielle pour évaluer la performance globale de l’entreprise ou celle directement attribuable aux actionnaires.
Au-delà des calculs, ces analyses doivent toujours être replacées dans leur contexte : la stratégie globale de l’entreprise, les risques liés à l’endettement, et la capacité de l’entreprise à anticiper les incertitudes du marché. Une entreprise qui maîtrise ces notions a les clés pour arbitrer efficacement entre plusieurs projets d’investissement, aligner ses ressources avec ses priorités stratégiques et assurer une croissance durable.
Enfin, n’oubliez pas que la finance n’est pas qu’une science exacte, mais aussi une discipline stratégique. Les outils que vous avez découverts ici sont des points de départ. Leur réelle valeur réside dans la manière dont vous les utilisez pour soutenir la vision et les objectifs de votre organisation.
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