Besoin en fond de roulement, ou BFR : le comprendre facilement

Le Besoin en Fond de Roulement, souvent abrégé en BFR, est une notion capitale en analyse financière, à laquelle vous serez confrontés dans beaucoup de métiers.

En effet, le financement du besoin en fond de roulement est l’une des principales dépenses lorsque l’activité d’une société croit ou même lors de la création d’une nouvelle entreprise ou d’un nouveau projet d’investissement.

Nombre de sociétés ont déposé le bilan et nombre de projet ont échoué à cause d’une mauvaise gestion de leur trésorerie parce que leur besoin en fond de roulement avait été mal estimé. Dans cet article, nous expliquons tout ce qu’il faut savoir sur le BFR : comment le calculer, l’optimiser et le financer.

Comprendre le besoin en fond de roulement

Qu’est ce que le BFR, ou Besoin en Fond de Roulement ?

Définition du besoin en fond de roulement

Le besoin en fond de roulement, très souvent abrégé en BFR (et appelé en anglais le Working Capital), correspond pour une entreprise ou un projet à un besoin de financement court terme afin de compenser le décalage dans le temps des encaissements et des décaissements.

Voilà donc pour la définition très scolaire, mais qui est souvent difficile à comprendre de prime abord lorsqu’elle n’est pas illustrée par un exemple concret.

Vous trouverez ci-dessous une explication un peu plus prosaïque mais plus illustrée pour bien comprendre cette notion de besoin en fond de roulement.

Business case pour illustrer ce qu’est le besoin en fond de roulement

Imaginons une boulangerie qui lance son activité. Pour produire ses premières baguettes, le boulanger doit acheter ses matières premières : farine, eau, lait, œufs, etc… Il va donc s’approvisionner dès le lundi matin en matières premières pour le reste de la semaine. Admettons qu’il achète pour 1 000€ d’ingrédients.

Imaginons également que le boulanger parvienne à dégager une marge de 20% sur ses baguettes. Cela signifie que le chiffre d’affaires créé grâce à ses matières premières permet d’atteindre 1 200€. A première vue, l’affaire semble rentable.

Cependant, en plus de voir la pure rentabilité des produits, il faut aussi accorder de l’importance au timing des paiements et des encaissements. En effet, la production et la vente de baguettes vont, certes, générer 1 200€ de chiffre d’affaires, dont 200€ de bénéfices, mais elles vont aussi s’étendre sur toute la semaine alors que l’achat des matières premières aura eu lieu en une fois au début de la semaine écoulé.

Le boulanger doit donc pouvoir avancer 1 000€ de trésorerie le lundi pour financer la production et la vente de baguettes sur le reste de la semaine.

Imaginons maintenant qu’un lundi, le boulanger soit confronté à un autre paiement, par exemple 3 000€ pour ses impôts… Cela peut très vite devenir une catastrophe s’il n’a pas suffisamment de trésorerie disponible. Dans ce type de situation, le boulanger ne pourra pas acheter ses ingrédients et ne pourra donc pas financer son activité de la semaine à venir, alors même que sa boulangerie est rentable.

Voilà comment une affaire pourtant rentable peut faire face à des difficultés financières : uniquement à cause des décalages de paiements et d’encaissements dans le temps qui peuvent aboutir à un manque de trésorerie et à l’asphyxie de l’entreprise.

Vous comprenez donc toute l’importance de bien calculer et prévoir le besoin en fond de roulement dans un business plan, que ce soit dans une optique d’acquisition M&A ou de lancement d’un nouveau projet ou d’entreprise. En effet, il est important d’estimer le BFR suivant différents niveaux de croissance. Ainsi, vous pourrez prévoir chaque scénario possible et éviter les mauvaise surprises.

Comment calculer le BFR ?

Maintenant que nous avons vu la définition du besoin en fond de roulement et que nous avons illustré son importance grâce à un exemple concret, voici la formule exacte pour le calculer :

BFR = actif circulant – passif circulant

Plus précisément :

BFR = créances clients moyennes + stocks moyens – dettes fournisseurs moyennes

Comme vous pouvez le voir, le besoin en fond de roulement se calcule uniquement avec des données du bilan comptable et notamment de l’actif circulant.

Point important à noter : une fois l’activité d’une entreprise ou d’un projet lancée, ce n’est plus tant le BFR qui est important mais son évolution : augmentation ou diminution. Si à la période N, votre BFR atteint 10 000 € puis qu’il augmente à 15 000 € en période N+1, c’est à l’augmentation de 5 000 € qu’il faut accorder de l’importance. En effet, le financement à trouver entre les périodes N et N+1 sera de 5 000 € et non de 15 000 €.

Comprendre le résultat d’un calcul de besoin en fond de roulement

Maintenant que nous avons vu la formule du besoin en fond de roulement, il est crucial d’en savoir interpréter le résultat.

Voici donc les différents cas de figure auxquels vous pouvez être confronter :

Cas d’un BFR positif

Un BFR positif signifie qu’il y a un besoin de financement exterieur pour lancer puis maintenir l’activité, voire la croissance, de la société.

Ce financement servira à payer la constitution des stocks et à couvrir les créances clients le temps de recevoir les paiements de ces derniers. Cela peut-être le cas lorsque les clients ne payent pas comptant lors de leurs commandes. Par exemple, lors de l’achat d’une voiture, il est fréquent de payer en plusieurs fois. L’entreprise qui vend la voiture doit donc financer sont besoin en fond de roulement le temps de recevoir la totalité du paiement de ses clients.

Un besoin en fond de roulement positif est le cas le plus courant et celui qui demande la plus grande attention car il peut aboutir à un manque de trésorerie, et par conséquent, à la faillite si le financement du BFR n’a pas été suffisamment anticipé.

Cas d’un BFR nul

Un besoin en fond de roulement égal à zéro signifie que vous n’avez pas besoin de financement pour lancer et maintenir l’activité de la société car les actifs à courts termes sont négligeables face aux passif à court terme.

Ainsi, dans le cas de notre boulangerie, cela serait possible si les fournisseurs auprès desquels ont été achetées les matières premières acceptaient d’être payés, non pas dès le lundi, mais au fur et à mesure que le boulanger vend ses baguettes. Cela éviterait ainsi au boulanger de devoir avancer la trésorerie pour le paiement de ses ingrédients.

Cas d’un BFR négatif

Lorsque le besoin en fond de roulement est négatif, les emplois (constitution des stocks et créances clients) sont inférieurs aux ressources (dettes fournisseurs).

Cela veut dire qu’aucun financement externe n’est nécessaire pour payer les actifs à court terme, autrement dit pour lancer et maintenir l’activité. Mieux encore, un BFR négatif prouve que l’activité de l’entreprise s’autofinance.

C’est par exemple le cas pour les activités de services qui ne nécessitent pas de stock ou encore dans la distribution ou la restauration, lorsque les clients payent comptant mais que les fournisseurs sont payés après un délai de plusieurs mois (exemple : les supermarchés).

Exemple de calcul du besoin en fond de roulement

Une entreprise qui fabrique des bouteilles en plastique lance son activité en février 2020.

Elle est assujettie à un taux de TVA de 20%. Par conséquent, elle paye à l’Etat sa TVA tous les mois. C’est à dire que tous les mois, elle calcule combien de TVA elle a perçue (20% de son chiffre d’affaires du mois précédent) et combien de TVA elle a payée (20% de ses achats du mois précédent). C’est la différence entre ces deux valeurs qu’elle doit payer à l’Etat (ou se faire rembourser si elle a payé plus de TVA qu’elle n’en a perçue) et qui entre donc dans son BFR.

En janvier, elle achète pour 100 000 € Hors Taxes (“HT”) de matières premières soit 120 000 € Toutes Charges Comprises (“TTC”) (TVA de 20%).

Elle paye ses fournisseurs avec un délai d’un mois et reçoit les paiements de ses clients après un délai de deux mois.

En février, elle enregistre un chiffre d’affaires de 80 000 € HT soit 96 000 € TTC et achète pour 50 000 € HT de matières premières soit 60 000 € TTC.

Enfin, en mars, elle enregistre un chiffre d’affaires de 150 000 € HT soit 180 000 € TTC et achète pour 40 000 € HT de matières premières soit 48 000 € TTC.

Elle vend ses marchandises avec une marge de 30%, ainsi en février, son chiffre d’affaires de 80 000 € diminue ses stocks de 61 500 € environ. En effet, si elle fait une marge de 30%, cela veut dire que les produits qu’elle vend lui ont coûtés, et sont donc valorisés dans ses stocks, 30% de moins que le prix auquel elle les vend.

L’évolution de son BFR est la suivante :


BFR = stocks + créances clients + créance TVAdettes fournisseursdettes TVA

(note : nous utiliserons le même code couleur dans les calculs de notre exemple pour que vous puissiez voir à quelle donnée se réfère chaque chiffre)

=> Janvier : 

– L’entreprise achète pour 100 k€ HT de stocks, soit 120 k€ TTC et enregistre une créance de TVA de 20 k€ (l’Etat doit rembourser ces 20 k€ à la société le mois suivant).

– En revanche, bien qu’elle achète ses marchandises en janvier, nous avons dit qu’elle payait ses fournisseurs avec un délai d’un mois. Elle ne décaissera les 120k€ TTC que le mois suivant. L’entreprise n’a donc aucun décaissement à faire en janvier.
BFR = 100 + 0 + 2010020 = 0

=> Février : 

– L’entreprise fait pour 80 k€ HT (soit 96 k€ TTC) de ventes. Bien qu’enregistrant un chiffre d’affaires de 80 k€, les clients payent au bout de 2 mois seulement. L’entreprise n’a donc pas reçu les 80 k€ de trésorerie, elle ne les recevra que dans 2 mois (soit en avril). Les créances clients atteignent donc 80 k€ et viennent augmenter le BFR.

– Les stocks de l’entreprise diminuent de 61,5 k€, qui sont les stocks correspondants au chiffre d’affaires de 80 k€ HT. En effet, si l’entreprise a vendu pour 80k€ en faisant une marge de 30% sur ses coûts, cela veut dire que ses 80k€ de revenus correspondent à la vente de 80/(1+30%)=61,5k€ de marchandises qu’elle a achetées précédemment. Les stocks augmentent aussi de 50 k€ du fait des nouveaux achats de matières premières.

– On enregistre une créance de TVA de 10 k€ sur les nouveaux achats de matières premières de 50 k€ HT. On enregistre aussi une dette de TVA de 16 k€ sur le chiffre d’affaires de 80 k€.
BFR = (100 – 61,5 + 50) + 80 + 105016 = 112,5 k€
L’augmentation de BFR, donc le financement externe nécessaire pour couvrir les actifs circulants, est de 112,5 k€.

=> Mars : 

– L’entreprise fait 150 k€ HT de vente soit 180 k€ TTC. Les créances clients augmentent de 150 k€ car les clients paieront les ventes de ce mois-ci qu’en mai. Ces créances sont à ajouter aux 80 k€ que les clients paieront en avril.

– Les stocks augmentent de 40 k€ du fait des nouveaux achats de matières premières et diminuent de 115,4 k€ du fait des ventes du mois (le chiffre d’affaires de 150 k€). Ils sont à ajouter aux 88,5 k€ de stocks restants du mois de février (100 – 61,5 + 50 dans le calcul précédent).

– La créance de TVA atteint 8 k€ du fait des nouveaux achats de matières premières. La dette de TVA augmente de 30 k€ qui correspond au ventes de 150k€ HT de ce mois.
BFR = (88,5 – 115,4 + 40) + 80 + 150 + 84030 = 181,1 k€
L’augmentation de BFR, donc le financement externe nécessaire pour couvrir les actifs circulants, est de 68,6 k€ (181,1 – 112,5).

Le Besoin en Fond de Roulement calculé en jours

Comme nous l’avons expliqué précédemment, le BFR est avant tout un décalage de trésorerie entre des dépenses destinées à financer l’activité quotidienne et la réception des paiements des clients.

Par conséquent, il peut être exprimé en euros, avec les formules indiquées ci-dessus, mais on peut aussi l’estimer en nombre de jours : “de combien de jours de stocks l’entreprise dispose- t-elle ?”, “combien de jour faut-il attendre pour recevoir le paiement des clients ?”, “combien de jour avant de payer les fournisseurs ?”

Les formules pour calculer ces durées de besoin en fonds de roulement sont les suivantes :

  • Délai de rotation des stocks (jours) = [ Stocks moyens (euros) / Coûts de production (euros) ] * 360 jours
  • Délai de paiement clients (jours) = [ Créances clients (euros) / Chiffre d’affaires (euros) ] * 360 jours
  • Délai de paiement fourinsseurs (jours) = [ Dettes fournisseurs (euros) / Achats de matières premières et marchandises (euros) ] * 360 jours

Enfin, avec ces trois données, nous pouvons calculer une donnée extrêmement intéressante pour un dirigeant d’entreprise : le Cash Conversion Cycle qui correspond à la totalité du cycle de création de trésorerie pour une entreprise, c’est-à-dire au délai moyen entre la toute première dépense en matière première ou marchandise et la réception du dernier paiement, une fois le produit fini vendu :

Cash conversion cycle (jours) = Délai de rotation des stocks + Délai de paiement clients – Délai de paiement fournisseurs

Pour illustrer ces formules, prenons l’exemple d’une société qui fabrique et vend des compotes de fruits.

En fin d’année 2020, son stock de fruits et de compotes se chiffre à 70 000 €, ses créances clients à 250 000 € et ses dettes fournisseurs à 180 000 €. Les coûts de productions en 2020 ont atteint 650 000 €, son chiffre d’affaires de l’année est de 900 000 € et elle a acheté 600 000 € de matières premières & marchandises en 2020 :

  • Délai de rotation des stocks = (70 000 € / 650 000 €) * 360 = 39 jours
  • Délai de paiement clients = (250 000 € / 900 000 €) * 360 = 100 jours
  • Délai de paiement fournisseurs = (180 000 € / 600 000 €) * 360 = 108 jours
  • Cash conversion cycle = 39 + 100 – 108 = 31 jours

On en déduit qu’en moyenne l’entreprise doit avancer l’équivalent en trésorerie de 31 jours d’activité entre le paiement de ses fournisseurs, la vente de ses stocks et la réception des paiement de ses clients.

Contrôler et financer le besoin en fond de roulement

Maintenant que vous maîtrisez parfaitement la notion de besoin en fond de roulement, vous comprenez l’importance de l’estimer et de le contrôler correctement afin d’en assurer le financement pour ne pas se retrouver à court de trésorerie.

Maîtriser le BFR

Il y a plusieurs leviers possible pour maîtriser, c’est à dire diminuer le plus possible, le besoin en fond de roulement d’une entreprise.

Voici ces principaux leviers :

  • Délais de paiements clients : la première méthode est de diminuer au maximum le délai de paiement des clients. Plus ces derniers payent rapidement, moins l’entreprise aura de financement à trouver pour payer ses dépenses courantes entre la date de la vente et la réception du paiement. Attention cependant à ne pas trop presser les clients au risque de les faire fuir. S’ils paient dans des délais plus courts, c’est leur propre BFR qui se trouve détérioré et ils seront donc réticents. Le délai de paiement est donc souvent un argument commercial fort. C’est à l’entreprise que vous analysez de trouver le juste milieu entre l’optimisation de son BFR et sa politique commerciale pour convaincre ses clients d’acheter chez elle et non chez la concurrence en jouant sur les délais de paiement qu’elle propose. Tout est ici affaire de négociation entre l’entreprise et ses clients.
  • Stocks de marchandises et matières premières : afin de réduire son BFR, une entreprise peut aussi essayer de diminuer la taille de ses stocks voire de travailler en flux tendus. Dans le marché automobile, Toyota avait révolutionné son secteur en procédant de cette manière avec sa politique du “Toyotisme” et du “Juste à temps”. Il faut néanmoins avoir en tête que l’entreprise peut alors courir le risque de tomber en rupture de stock en cas d’une commande importante et non prévue. Encore une fois, toute la subtilité est de trouver un juste milieu entre gestion du BFR et risques encourus.
  • Délais de paiements fournisseurs : cette fois, le but est d’augmenter au maximum les délais de paiement envers les fournisseurs. Plus une entreprise met du temps à les payer après qu’ils aient livré leurs fournitures, plus elle a de chances d’avoir déjà converti ses achats en ventes et donc d’avoir déjà réceptionné ses encaissements clients au moment de payer ses fournisseurs.

Financer le BFR

Même en optimisant au maximum son besoin en fond de roulement, il est rare de pouvoir le faire tomber à zéro. Par conséquent, il est important de savoir comment le financer. Voilà différentes pistes exploitées par les entreprises qui cherchent à optimiser leur besoin en fond de roulement :

  • Découvert bancaire : demander à son banquier une autorisation de découvert afin de financer les actifs circulants le temps de recevoir les premiers paiements des clients.
  • Fond de roulement : constituer un fond de roulement, c’est à dire d’une réserve de trésorerie générée en interne qui servira à financer le besoin en fond de roulement.
  • Apports en compte courant : les actionnaires d’une entreprise peuvent accorder un prêt à la société que celle-ci peut rembourser à n’importe quel moment. Cela permettra à l’entreprise de bénéficier d’une source de trésorerie immédiate pour financer son besoin en fond de roulement.

La raison d'être de The Big Win est de vous offrir des articles, conseils et explications pour réussir votre carrière en finance :

  • Trouver les meilleurs stages
  • Décrocher les meilleurs jobs
  • Performer mieux que vos collègues à votre poste

👍 Suivez-nous sur LinkedIn et Instagram pour plus de contenu et conseils :


Tu aimeras surement les articles suivants :

Ils nous citent :

Cnews.fr, le leader français de l'actualité en continue nous cite dans son article sur la réussite d'une carrière financière.

LegaVox.fr, le site juridique de référence en France nous cite dans son article sur les juristes corporate en M&A.

CréationEntreprise.fr, le site de référence sur l'entrepreneuriat nous cite dans son article sur la maîtrise des concepts financiers.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}