Intérêts minoritaires : comprendre cette notion financière

Le concept des intérêts minoritaires est important à maîtriser si vous souhaitez évoluer dans une banque d’affaires, dans un fonds d’investissement, dans un cabinet de Transaction Services ou encore dans une équipe M&A Corporate. Les intérêts minoritaires sont un élément clef permettant de calculer l’Enterprise Value ou de faire un Bridge Equity Value – Enterprise Value. C’est un sujet qui reviendra constamment sur la table lorsque vous devrez valoriser des entreprises. Aussi, c’est une question technique qui est assez souvent évoquée en entretien d’embauche pour des stages mais également pour des postes d’analyste junior. Ainsi, il est dans votre intérêt de bien connaître la définition des intérêts minoritaires. Nous avons donc décidé de rédiger cet article afin de vous aider à en savoir plus sur les intérêts minoritaires.     

Les intérêts minoritaires avec Mike Ross

Les intérêts minoritaires, qu’est-ce que c’est ?

Les intérêts minoritaires (en anglais « Minority Interests » ou « Non-Controlling Interests ») désignent les capitaux d’une entreprise qui ne sont pas détenus par l’entreprise mère. Nous parlerons à proprement parler d’intérêts minoritaires lorsque la part non détenue par l’entreprise mère sera inférieure à 50% du capital total. Par opposition, les intérêts majoritaires (ou en anglais « Controlling Interests ») représentent la part détenue par l’entreprise mère. Cette part doit être obligatoirement supérieure à 50% et inférieure à 100% pour être classifiée comme « intérêts majoritaires ». Ainsi, investir dans une société à hauteur de 51% garantira le contrôle à l’investisseur tout en partageant les risques avec les autres actionnaires minoritaires.

Les différents types d’intérêts minoritaires

Les intérêts minoritaires peuvent être actifs ou passifs :

  • Actifs : les intérêts minoritaires actifs sont des intérêts minoritaires représentant entre 21% et 49% du capital d’une société. Ils sont considérés comme « actifs » car ils ont la capacité d’influencer l’entreprise. Les intérêts minoritaires actifs remontent une partie de leurs dividendes ainsi qu’une partie de leur résultat net vers la société mère.
  • Passifs : les intérêts minoritaires passifs sont des intérêts minoritaires représentant moins de 20% du capital d’une société. Ils sont considérés comme « passifs » car ils n’auront pas grande influence sur l’entreprise. Seule une partie des dividendes perçus par les intérêts minoritaires passifs est remontée vers la société mère. 

Le traitement des intérêts minoritaires

Lorsqu’une entreprise consolidera ses états financiers, elle ne pourra pas prendre en considération la totalité de la valeur produite par sa filiale. En effet, elle devra seulement considérer la part qui lui revient de droit.

Par exemple : l’entreprise A possède 60% de sa filiale B. Lorsque l’entreprise A devra consolider ses états financiers, elle ne remontera que 60% de ce qu’aura produit sa filiale B. Les 40% restants devront revenir aux actionnaires minoritaires.

 

Comment calculer les intérêts minoritaires ?

Calculer la valeur des intérêts minoritaires s’effectuent en deux étapes :

L’impact sur le bilan : approche comptable

Premièrement, considérer les intérêts minoritaires impactera le bilan consolidé d’une entreprise. Pour en connaitre le montant, il faut multiplier la valeur comptable de l’entreprise dans laquelle l’entreprise mère a une part majoritaire, par le pourcentage de détention des actionnaires minoritaires.

Intérêts minoritaires = Valeur comptable de l’entreprise * Pourcentage de détention des actionnaires minoritaires

Si nous reprenons l’exemple ci-dessus, en supposant que la valeur comptable de la filiale B est de 100M€, alors les intérêts minoritaires seront égaux à 40M€ (Intérêts minoritaires = valeur comptable de 100M€ * 40% de détention des actionnaires minoritaires = 40M€).  

La valeur des intérêts minoritaires selon l’approche comptable devra être indiquée dans le bilan consolidé de la société mère au niveau des capitaux propres avec comme intitulé : « part des actionnaires majoritaires ». 

L’impact sur le résultat net

Deuxièmement, considérer les intérêts minoritaires a également un impact sur le compte de résultat consolidé d’une entreprise. En effet, pour calculer cet impact, il faut multiplier le résultat net de l’entreprise dans laquelle l’entreprise mère a une part majoritaire, par le pourcentage de détention des actionnaires minoritaires.

Intérêts minoritaires = Résultat net * Pourcentage de détention des actionnaires minoritaires

Si nous reprenons une nouvelle fois l’exemple ci-dessus, nous supposons que la filiale B réalise un résultat net de 20M€ en 2020. Nous supposons également que l’entreprise A détient 60% de la filiale B. Par conséquent, les intérêts minoritaires sont de 40%. La valeur des intérêts minoritaires sera égale à 8M€ (Intérêts minoritaires = résultat net de 20M€ * 40% de détention des actionnaires minoritaires = 8M€)

La valeur des intérêts minoritaires selon l’approche par le résultat net devra être indiquée dans le compte de résultat consolidé de la société mère au niveau du résultat net avec comme intitulé « résultat net des intérêts minoritaires ».

Pourquoi faut-il calculer les intérêts minoritaires ?

Le calcul des intérêts minoritaires est important dans :

  • Les états financiers : définir la valeur des intérêts minoritaires est crucial pour les états financiers et plus précisément pour la consolidation de ces derniers. En effet, comme évoqué ci-dessus, les intérêts minoritaires vont avoir un impact sur le résultat net ainsi que sur les capitaux propres de la maison mère. C’est la raison pour laquelle le calcul des intérêts minoritaires est important. 
  • La valorisation d’une entreprise : en effet, les intérêts minoritaires sont un élément à part entière de la formule de l’Enterprise Value, calculée à partir de l’Equity Value. L’Enterprise Value étant un indicateur incontournable dans les valorisations par les multiples boursiers et par les multiples de transactions.

Enterprise Value = Equity Value + Debt + Preferred Stock + Minority Interests – Cash & Cash equivalents

Les différentes méthodes de consolidation et les intérêts minoritaires

Nous consacrons une partie de cet article pour évoquer les différentes méthodes de consolidation qui s’offrent à une entreprise. Qui dit fusion, dit consolidation. Même s’il n’est pas attendu d’un banquier d’affaires d’être un expert en consolidation, avoir quelques notions sera un plus qui pourra toujours vous être utile. Qui plus est, cela ne fait pas de mal d’enrichir encore un peu plus sa culture générale en finance d’entreprise !

Ci-dessous, la liste des différentes méthodes de consolidation qui peuvent être mises en place au sein d’une entreprise :

  • Consolidation par intégration globale : cette méthode s’applique lorsque l’entreprise mère détient plus de 50% du capital d’une autre entreprise ou d’une de ses filiales. Toutes les lignes du compte de résultat et du bilan (hormis les capitaux propres) sont fusionnées à 100%. Les intérêts minoritaires devront être indiqués au niveau du résultat net et des capitaux propres.
  • Consolidation par mise en équivalence : cette méthode s’applique lorsque l’entreprise mère détient plus de 20% mais moins de 50% d’une de ses filiales. Dans cette configuration, seules les quote-parts de résultat net et des capitaux propres seront intégrées au résultat net et aux capitaux propres de la société mère.

Quote-part : une quote-part est une fraction d’un bien immobilier ou d’un capital détenu par un propriétaire. La quote-part du résultat net d’une entreprise mise en équivalence est la part du résultat net que l’entreprise consolidée remontera à l’entreprise mère.

Source : https://www.journaldunet.fr/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1203784-quote-part-definition-et-calcul/

  • Consolidation par intégration proportionnelle : cette méthode s’applique lorsque la filiale à consolider est une joint-venture. Dans ce cas-là, toutes les lignes du compte de résultat et du bilan (sauf capitaux propres) sont fusionnées au prorata du pourcentage de détention. Par exemple, pour une joint-venture détenue par deux entreprises, la consolidation s’effectuera à 50% pour les deux entreprises propriétaires. Si la joint-venture est détenue par trois entreprises, la consolidation sera réalisée sur la base de 33% pour chacune des trois entreprises. Et ainsi de suite.     

Joint-venture (« JV ») : une joint-venture est une société créée par deux ou plusieurs entreprises qui ont le besoin de collaborer ensemble pour réaliser un projet. Ainsi, les entreprises qui ont créé la joint-venture partageront les profits mais également les risques que supportera cette nouvelle entité. Un exemple de joint-venture est l’entreprise EDEN créée par EDF Renouvelables et Total EREN. Grâce à cette joint-venture, les deux entreprises investissent ensemble pour construire des parcs éoliens ou photovoltaïques.  

Intérêts minoritaires chez EDF Renouvelables
Total Eren finance

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Cnews.fr, le leader français de l'actualité en continue nous cite dans son article sur la réussite d'une carrière financière.

LegaVox.fr, le site juridique de référence en France nous cite dans son article sur les juristes corporate en M&A.

CréationEntreprise.fr, le site de référence sur l'entrepreneuriat nous cite dans son article sur la maîtrise des concepts financiers.

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