Bien qu’il soit assez répandu, le poste d’analyste crédit fait partie des métiers financiers dont on entend assez peu parler.
Pourtant, c’est un poste très intéressant, qui est très souvent en lien avec beaucoup d’autres équipes dans une banque ou une direction financière et qui peut donc être un excellent moyen de découvrir de nombreux aspects d’une même activité.
Pour faire un peu mieux la lumière sur cette activité, nous avons décidé de consacrer un article entier au métier d’analyste crédit ; c’est parti !
Qu’est-ce qu’un analyste crédit ?
La première chose à voir est qu’un analyste crédit est avant tout un analyste financier.
En effet, un analyste crédit analyse la situation financière d’une entreprise pour juger de sa capacité à honorer sa part d’un contrat ou d’une dette.
Par conséquent, il est nécessaire pour un analyste crédit de savoir parfaitement lire des résultats financiers, les comprendre, en faire la synthèse et surtout orienter une décision.
Ces tâches sont strictement similaires à tout autre analyste financier dont la majorité des tâches consistent aussi à lire et interpréter des états financiers comme des comptes de résultat, des bilans et des flux de trésorerie.
Une fois cela dit, il faut voir quelles sont les spécificités d’un analyste crédit par rapport à un analyste financier plus classique. Comme son nom ne l’indique pas, l’analyste crédit est un spécialiste… des risques !
En effet, là où un analyste investissement par exemple doit juger du potentiel de rentabilité d’un investissement, un analyste crédit doit juger de la capacité financière d’une entité à honorer sa part d’un contrat. Le corollaire de cela est le fait qu’on juge du risque que cette entité ne puisse PAS honorer sa part du contrat ou ne puisse PAS rembourser sa dette.
L’analyste crédit doit donc constamment comparer des capacités financières (revenus, chiffre d’affaires, bénéfices, trésorerie, etc…) et des engagements financiers, en particulier des remboursements de dettes, pour vérifier que les engagements financiers ne sont pas supérieurs aux capacités financières.
Mais sa responsabilité peut parfois aller plus loin, notamment en estimant aussi les conséquences si l’entité d’en face, que nous appellerons la contrepartie, n’arrivait pas à honorer ses obligations, c’est-à-dire si elle faisait défaut.
Enfin, nous ajoutons une précision qui a son importance : le poste d’analyste crédit n’est pas spécifique au secteur bancaire et à la vérification qu’une entreprise ou qu’un particulier peut honorer un crédit.
En effet, on peut tout à fait trouver des analystes crédits dans d’autres types d’entreprises pour vérifier la solidité financière d’une contrepartie, par exemple la capacité d’un client à honorer ses paiements ou la fiabilité d’un fournisseur.
Quel est le salaire d’un analyste crédit ?
Maintenant que vous savez ce qu’est un analyste crédit, vous vous demandez sûrement combien ces postes sont payés.
La réponse est moins simple qu’il n’y parait car la fourchette est assez large en fonction de votre expérience et du type d’entreprise dans laquelle l’analyste exerce.
La fourchette de rémunération d’un analyste crédit est assez large, généralement de 35 000 € à 75 000 € par an.
Un analyste crédit junior dans une agence bancaire sera généralement payé aux alentours des 35 000 € par an.
Un analyste crédit junior au siège d’une grande banque sera quant à lui généralement payé aux alentours des 40 000 € par an.
Ensuite, ces rémunérations évoluent avec le niveau d’ancienneté et l’expérience.
Les postes d’analyste crédit sont donc des postes qui sont relativement bien payés puisqu’ils sont en tous points similaires aux autres analystes financiers.
Les hautes rémunérations viennent ensuite avec des responsabilités de management et lorsque vous gérez des équipes, mais dans ce cas vous n’êtes plus au sens strict “analyste”.
Dans quelles entreprises trouve-t-on des postes d’analyste crédit ?
Analyste crédit dans la banque
Le poste d’analyste crédit se trouve bien sûr en priorité dans le secteur bancaire.
Dans une banque, la tâche d’un analyste crédit sera de s’assurer de la solvabilité financière des demandeurs de crédits et de solutions de financement.
Lorsqu’il s’agit de financement aux entreprises (et pas aux particuliers), cela consiste donc à analyser leurs résultats financiers, en particulier le bilan, afin de calculer des ratios de solvabilité pour vérifier que l’entreprise remplit bien les critères de sécurité financière requis par la banque.
L’analyste crédit rédige ensuite des rapports de risque crédit pour coucher son analyse sur papier.
Contrairement à l’idée générale qu’on peut se faire, le calcul des ratios financiers par la banque ne se fait pas uniquement au moment de la demande de crédit.
En effet, l’analyste crédit peut ensuite suivre la situation financière de l’entreprise une fois le crédit mis en place, afin de vérifier que sa situation reste assez stable dans le temps et ne se détériore pas.
Par exemple, le contrat de crédit peut contenir des closes juridique appelées « financial covenants » qui sont des obligations pour l’entreprise de respecter certains niveaux de ratios financiers sous peine de devoir rembourser ses dettes plus tôt que prévu.
Par exemple, au moment où une entreprise souscrit un emprunt auprès d’une banque, les analystes crédit calculent que le ratio Dettes / EBITDA de l’entreprise est de 1,5. Dans le contrat de crédit, la banque peut ainsi prévoir une clause qui explique que ce ratio ne doit pas dépasser 2 pendant toute la durée du crédit, sous peine de quoi, l’entreprise devra rembourser tout son emprunt immédiatement.
Cette clause est un financial covenant qui protège la banque contre une détérioration de la situation financière de l’entreprise.
Analyste risque de contrepartie dans un corporate
Dans le jargon financier, lorsqu’on parle de « corporate », on sous-entend une entreprise non-financière, c’est-à-dire qui n’est ni une banque, ni une société d’assurance, ni une agence de notation, ni un fond d’investissement, ni un cabinet de conseil/audit.
Il s’agit par conséquent de la très grande majorité des entreprises : industrielles, commerciales, de services, immobilières, d’infrastructure, etc….
Et bien, contrairement à ce qu’on peut imaginer de prime abord, ces entreprises disposent parfois elles aussi d’analystes crédit dans leurs équipes. D’ailleurs, chez un corporate, il arrive que le poste « analyste crédit » soit renommé en « analyste risques financiers » ou « analyste risque de contrepartie » : ces termes désignent généralement la même fonction.
En effet, comme nous l’avons vu précédemment, un analyste crédit vérifie la solidité financière des contreparties de son entreprise, qui peuvent donc être des clients ou des fournisseurs.
Par exemple, les grandes entreprises d’infrastructures ou industrielles ont des contrats commerciaux pour des montants qui peuvent être immenses, plusieurs dizaines voire centaines de millions d’euros. Les délais de livraisons et de paiements pour certaines commandes peuvent-être élevés ce qui crée des risques dans le temps : risque de faillite du fournisseur avant la livraison, risque de non-paiement du client, etc…
Imaginez ainsi une compagnie aérienne qui commande plusieurs avions neufs à Airbus ou Boeing. Dans ce cas, Airbus et Boeing peuvent légitimement vouloir vérifier la solvabilité de cette compagnie pour être sûrs qu’elle sera en mesure de payer sa commande.
Dans ce cas, le montant de la commande est similaire à une dette et il est généralement enregistré en « dettes fournisseurs » au bilan de l’acheteur (la compagnie aérienne dans notre exemple) et en « créances client s» au bilan du vendeur (Airbus ou Boeing dans notre exemple).
C’est alors à l’analyste crédit (ou analyste risque de contrepartie) d’étudier la situation financière de cette compagnie européenne pour juger de sa capaciter à payer.
Quelles sont les tâches habituelles d’un analyste crédit ?
Les analyses financières d’un analyste crédit
La première tâche d’un analyste crédit est évidemment de produire des analyses financières.
Pour cela, il doit lire des résultats financiers au quotidien : compte de résultat, bilan et tableau de flux afin de calculer des ratios de solvabilité et de liquidité pour confirmer la solidité financière de la contrepartie étudiée.
Il faut donc parfaitement maîtriser Excel qui est le principal outil de tous les analystes financiers et banquiers.
Mais l’analyste crédit peut aussi être amené à utiliser d’autres outils spécifiques à son métier, au premier rang desquels se trouvent les célèbres agences de notation (aussi appelées agences de rating) : S&P, Moody’s et Fitch.
Ces agences produisent en effet des analyses de crédits sur les Etats mais aussi sur les grandes entreprises. Chaque analyse comporte une note qui va généralement de AAA (la meilleure) à D (la plus mauvaise).
La plupart des analystes crédit s’appuient donc sur ces agences de notation en parallèle de leurs propres analyses. D’ailleurs des contrats commerciaux ou de crédits bancaires peuvent contenir des clauses obligeant une entreprise signataire du contrat à conserver une note minimale par les agences de rating, un peu à l’image des financial convenants que nous avons vu précédemment.
Suivre les expositions au risque
Un analyste crédit rédige donc des analyses financières avant les décisions de prêts ou les accords commerciaux.
Mais une fois ceci fait, il est nécessaire de suivre les expositions existantes. Pour cela, il faut tenir et mettre à jour constamment une base de données des principales contreparties déjà existantes.
Cela nécessite par exemple de savoir à tout moment quels sont les montants à risque, quelle est la situation financière de chaque contrepartie, comment a-t-elle évoluée dans le temps et quel est le risque maximum en cas de faillite de l’entreprise.
Ce travail peut aussi nécessiter des études statistiques pour établir à chaque instant quelles sont les probabilités de défaut des contreparties et quelles sont les espérances statistiques de pertes.
Les banques et autres entreprises financières possèdent généralement des systèmes d’information et logiciels spécifiques pour suivre ces expositions car c’est leur cœur de métier.
En revanche, ce n’est pas toujours le cas des entreprises non financières (les fameuses “corporates”).
C’est alors la responsabilité de l’analyste crédit de tenir une telle base de données et de statistiques, généralement sur Excel.
Cela nécessite forcément de très bonnes connaissances en modélisation Excel pour réaliser un travail précis, exhaustif et bien construit.
Analyse de l’actualité financière et économique
Enfin, un analyste crédit doit aussi suivre l’actualité économique et financière de son secteur pour connaître les grandes tendances et mieux prévoir les risques sectoriels des entreprises qu’il analyse et leurs évolutions.
Ainsi, un analyste qui suit le risque crédit des sociétés du secteur pétrolier doit s’intéresser aux évolutions du prix du pétrole et des matières premières autant qu’un gérant d’actifs qui exercerait sur ce même secteur, afin de prévoir au mieux, d’où viendront les futurs risques financiers.
Comment devenir analyste crédit ?
Si vous souhaitez devenir analyste crédit alors les études sont les mêmes que pour exercer à des postes d’analyste financier plus classiques.
La première voie est ainsi de s’orienter vers une école de commerce et de suivre un cursus d’analyse financière. Vous devez en effet savoir lire et interpréter des résultats financiers et c’est principalement ce que vous apprendrez en cours de finance au sein d’une école de commerce.
Mais vous pouvez aussi tout à fait vous orienter vers une université à condition de suivre évidemment un parcours financier là encore.
Attention cependant, pour exercer dans le métier d’analyste crédit un niveau Master est nécessaire.
Dès vos stages, essayez de vous orienter vers des postes avec une forte dimension d’analyse financière. Même si vous ne décrochez pas de stage directement en analyse crédit, ce n’est pas grave ! L’important est que vous soyez confronté à la lecture et l’analyse de résultats financiers pour commencer à acquérir de l’expérience dans ce domaine et renforcer ainsi la pertinence de votre CV.
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