Le Cost of Debt (« CoD » ou en Français : coût de la dette) est une notion qui pose beaucoup de problèmes aux étudiants et aux jeunes analystes qui doivent déterminer le Weighted Average Cost of Capital d’une entreprise (« WACC ») ou en français, le Coût Moyen Pondéré du Capital (« CMPC »).
Et pour cause, il n’y a pas de règle ou de formule fixe pour pouvoir déterminer le Cost of Debt d’une entreprise. C’est d’autant plus gênant que c’est un indicateur financier phare de la finance et plus précisément lorsqu’il s’agit d’analyser une entreprise.
Vous l’avez compris, il est inconcevable de faire une carrière en finance sans être incollable sur la notion de coût de la dette. Mais pas de panique !
Nous avons décidé de rédiger un article ultra complet sur cette notion. Dans cet article, vous trouverez toutes les informations nécessaires pour le déterminer avec précision.
Après la lecture de cet article, vous disposerez de toutes les connaissances nécessaires pour traiter tous les sujets qui tourneront autour de cette notion. Terminé les moments de stress et les sueurs froides quand il vous sera demandé de calculer un Cost of Debt.
Qu’est-ce que le Cost of Debt : définition ?
Le Cost of Debt représente le taux de rentabilité annuel attendu par les investisseurs en dettes d’une entreprise, autrement dit les établissements bancaires et détenteurs d’obligations. En clair, il renseigne uniquement la rentabilité attendue par les apporteurs de dette, ou Debt en anglais.
Pour rappel, une entreprise bénéficie généralement de deux sources de financement : la dette, c’est-à-dire les fonds externes apportés par des établissements bancaires, et l’Equity, c’est-à-dire les fonds propres apportés par des actionnaires. A ce titre, Cost of Debt et Cost of Equity ne doivent pas être confondus.
En effet, le coût de la dette représente la rentabilité annuelle attendue par les investisseurs en dettes tandis que le Cost of Equity caractérise la rentabilité annuelle attendue par les investisseurs en fonds propres (soit les actionnaires).
Comment calculer le Cost of Debt ?
Il faut savoir qu’il n’y a pas de formule ou de modèle prédéfini pour calculer le Cost of Debt d’une entreprise.
A ce titre, il doit, autant que possible, refléter le taux d’intérêt qu’une entreprise pourrait obtenir dans le cadre d’un financement bancaire. Par conséquent, nous pouvons l’estimer avec la formule suivante :
Cost of Debt = Risk-free rate + credit spread
Nous définissons les éléments de la formule du Cost of Debt ci-dessous :
- Risk-free rate : Le Risk-Free Rate (ou taux sans risque en français) représente le taux qu’une entreprise pourra attendre d’un investissement sans risques. Un investissement est considéré comme « sans risques » lorsque la probabilité que l’emprunteur fasse faillite est quasiment nulle. Généralement, nous pouvons déterminer un Risk-free rate en se référant aux taux des obligations d’états.
Pour en savoir plus sur le taux sans risque, vous pouvez consulter notre article disponible ici.
- Credit spread : le credit spread (ou le « spread de taux » en français) est la différence de taux entre deux obligations avec des maturités identiques mais un profil de risques différent. Pour le déterminer, il faut toujours comparer une obligation émise par une entreprise et une obligation d’état. Les flux financiers de ces deux obligations doivent être le plus similaire possible. Cet écart se mesure en points de base. A ce titre, un credit spread de 100 points de base équivaut à un écart de 1%. Notez qu’en anglais, nous parlons de « basis points » ou « bps » prononcé « bips ».
Cependant, comme nous l’avons dit, il faut que le Cost of Debt d’une entreprise reflète le plus possible le taux d’intérêt qu’une entreprise pourrait obtenir sur le marché. Par conséquent, si la formule présentée précédemment ne donne pas un résultat convaincant, il existe plusieurs autres méthodes pour le déterminer :
- Si l’entreprise est cotée en bourse, vous pouvez utiliser l’average rate of market debt (autrement dit, le taux moyen des dettes que votre entreprise possède sur les marchés financiers) ou utiliser une obligation à 10 ans. En règle générale, pour trouver ce type d’informations, il est primordial d’utiliser une base de données fiable comme Bloomberg ou Reuters.
- Si l’entreprise n’est pas cotée en bourse, vous pouvez utiliser le taux d’intérêt issu du financement bancaire le plus récemment obtenu ou calculer un taux d’intérêts moyen à partir de toutes les dettes contractées par l’entreprise et les cash-flows dédiés pour les repayer. Nous proposons la formule ci-dessous :
Cost of Debt = total interest expenses / total debt
Pour déterminer le coût de la dette d’une entreprise, utiliser les deux formules ci-dessous nous semble les plus pertinentes et les plus fiables même si, bien évidemment, chaque entreprise est un cas spécifique nécessitant certains ajustements.
- Pour une entreprise cotée en bourse :
Cost of Debt = Risk-free rate + credit spread
- Pour une entreprise non cotée en bourse :
Cost of Debt = total interest expenses / total debt
L’importance du Cost of Debt
Désormais, nous supposons que la notion de Cost of Debt est beaucoup plus clair dans l’esprit de notre lecteur. Encore faut-il savoir pourquoi il est important de le calculer ?!
C’est exactement ce que nous abordons dans ce chapitre. Vous trouverez donc une liste non exhaustive des différents cas de figure où la détermination du Cost of Debt est importante :
Le coût de la dette est utilisé dans le calcul du WACC
Tout comme le Cost of Equity, le coût de la dette est un indicateur financier qui occupe une place prépondérante dans la formule du WACC (« Weighted Average Cost of Capital »). Nous proposons un rapide aperçu du WACC dans le chapitre suivant.
Le coût de la dette est un indicateur financier important
Connaitre le Cost of Debt de son entreprise permet d’avoir un œil sur le taux d’intérêt global qu’une entreprise paye pour tous ses financements bancaires. Au-delà de cet aspect, c’est un indicateur crucial lorsqu’il s’agit de lever de la dette.
C’est donc une information très importante qui permet d’apprécier les taux d’intérêts des nouveaux financements bancaires.
En résumé, il permet de mesurer l’impact qu’aurait un nouveau financement bancaire sur l’entreprise. A titre d’exemple, si votre Cost of Debt est de 5%, il faudra peut-être réfléchir à deux fois avant de contracter un prêt avec un taux d’intérêt de 10%. Il ne faut pas oublier que plus cet indicateur est élevé et plus le profil de risque de cette dernière l’est aussi.
Un indicateur de risque
Comme nous l’avons introduit dans le point précédent, le coût de la dette est un indicateur financier qui permet d’apprécier le niveau de risques d’une entreprise par rapport à une autre. En effet, plus il est élevé et plus le risque de défaut de paiement de l’entreprise l’est aussi. En règle générale, les entreprises les plus risquées ont des coûts de dettes élevés.
Cost of Debt vs. WACC
Nous l’avons rapidement mentionné dans le chapitre précédent mais nous souhaitons y revenir plus en détails ici : le Cost of Debt et le WACC sont des notions indissociables. Par conséquent, il nous apparait comme une évidence de rédiger un bref paragraphe sur la définition de WACC.
Le WACC ou en français, le Coût Moyen Pondéré du Capital, n’est autre que le taux de rentabilité annuel moyen attendu par tous les investisseurs d’une entreprise. Par conséquent, le WACC renseigne sur la capacité d’une entreprise à utiliser les fonds qui lui sont confiés.
A titre informatif, ci-dessous, la formule du WACC :
Où :
- CoE = Cost of Equity ;
- CoD = Cost of Debt ;
- 1-Tax = Tax Shield ;
- Capital Structure = Equity + Debt.
Pour en savoir plus sur le calcul du WACC, c’est par ici que cela se passe.
Cost of Debt et Tax-Shield
Lorsque nous regardons la formule du WACC de plus près, un point interpelle. Pourquoi un « Tax-Shield » (c’est à dire le « 1-tax » dans la formule du WACC) est appliqué au Cost of Equity et non au Cost of Debt ? La réponse est très simple.
Il faut savoir qu’en finance, les taux d’intérêts sont déductibles d’impôts. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils sont déduits dans le compte de résultat et qu’ils ne figurent pas dans le Pre-tax Income (en français, le résultat courant avant impôt). En effet, il faut avoir en tête que les impôts d’une entreprise se calculent à partir du Pre-tax Income.
En conclusion, il est essentiel d’appliquer le Tax-Shield au coût de la dette dans la formule du WACC, tout simplement parce que les charges d’intérêts sont déductibles d’impôts. Ne pas tenir compte du Tax-Shield dans la formule du WACC aura pour effet de ne pas tenir compte du profit procuré par la déductibilité des intérêts. En conséquence, oublier le Tax-Shield aura tendance à augmenter, d’une part le coût de la dette de l’entreprise et d’autre part, son WACC.